La Gazette N° 5

Février 2022 – Réunion #467

Le Pr Jacques Rouëssé à la chaire de l’Académie de Médecine

Le 10 Février 2022

La perspective d’une visite de l’Académie Nationale de Médecine, animé par notre cher compatriote le Pr. Jacques Rouëssé, suivi d’un dîner à l’historique restaurant Le Procope, a suscité un engouement remarquable chez nos membres et leurs épouses qui se sont inscrit en masse à cette soirée du 10 février 2022. Voilà un événement qui augure bien de la nouvelle présidence d’André Cointreau.

L’Académie Nationale de Médecine est située rue Bonaparte à côté des Beaux-Arts, dans un superbe bâtiment construit en 1902 par l’architecte Justin Rochet. Elle a succédé à l’Académie Royale de Médecine, créé par Louis XVIII en 1820. Jacques Rouëssé a publié un livre consacré à l’histoire de l’institution – « Louis XVIII et la médecine restaurée », ouvrage remarquable qu’il nous dédicaça dans la soirée.

A la chaire de l’Académie, Jacques Rouëssé en résuma l’essentiel : son histoire, son rôle, l’organisation, le tout ponctué de nombreuses anecdotes passionnantes. Il nous montra le costume d’académicien qu’il porte les jours de cérémonie, en tant que trésorier. On apprend que seuls quatre académiciens ont ce privilège, que ces quatre tenues d’apparat ont étés réalisés à l’époque de Louis XVIII et modifiés à chaque passage de flambeau – des costumes qui n’ont rien à envier à ceux de l’académie Française.

L’académie réunit les plus grands esprits parmi les médecins, chirurgiens, chercheurs, pharmaciens, vétérinaires. Au XIXe siècle ils se retrouvaient pour de grands débats sur l’art de guérir : Les partisans et opposants de l’anesthésie se vilipendaient, les découvreurs des microbes se firent connaître, Pasteur et Koch se disputèrent au sujet du vaccin, on y défendit la théorie cellulaire qui bouleversa l’ancienne idée de la génération spontanée datant d’Aristote. A l’époque, les publications et conférences de l’Académie alimentent toutes les professions de la santé et influencent les politiques publiques en France et dans le monde.

L’Académie héberge également une imposante bibliothèque de de plus de cent mille ouvrages et manuscrits ayant trait à la médecine, y compris des incunables datant du XVe siècle. Cette masse de livres s’étend dans les étages du bâtiment sur 14 kilomètres de rayons. Ils sont consultés par chercheurs, scientifiques et historiens depuis le monde entier.

Jacques Rouëssé nous dit qu’au XXe siècle, les découvertes et débats scientifiques ce sont déplacés vers les grandes conférences internationales, laissant à l’académie un rôle moins prépondérant. Mais en 2002, une nouvelle charte renforce son action qui s’est notamment matérialisé au début de la pandémie de la Covid-19 avec de nombreuses recommandations épidémiologiques. L’Académie compte maintenant 135 membres, 160 correspondants régionaux, 60 membres étrangers et 120 correspondants internationaux qui couvrent la médecine, la chirurgie, la biologie, la pharmacie et la santé publique.

Avant de quitter ces lieux nous sommes passés par la salle des bustes où s’alignent les grandes figures de la médecine comme Ambroise Paré sculpté par David d’Angers (qui fit aussi le cénotaphe de Bonchamps à Saint Florent le Vieil) et l’immense tableau représentant l’aliéniste Philippe Pinel « libérant de leur chaînes les aliénés de Bicêtre », célébrant le moment où un infirmier montre au docteur Pinel comment les « fous » ne se comportent pas plus mal sans leurs entraves. Même si cette histoire est une fiction, c’est bien Pinel qui initia le début de la psychiatrie avec l’humanisation des traitements des malades mentaux en affirmant qu’ils peuvent être compris et soignés.

Les joyeux drilles du DVA et leurs épouses, ni fous ni entravés, se dirigèrent ensuite par les rues du quartier latin pedibus cum jambis au Procope, restaurant historique ouvert en 1786 et où se retrouvèrent, avant nous, Diderot, Rousseau, Benjamin Franklin, Marat, Napoléon dont un chapeau trône dans l’entrée (on se demande combien de chapeaux il a porté) puis Musset, Verlaine et j’en passe. Dans ce décor qui nous rappelle l’histoire de France, nous dînâmes et conversâmes entre compatriotes avec le plus grand plaisir. Une entrée au foie gras, un plat de poisson et les vins d’Anjou sélectionnés par Amaury de Condé furent fort appréciés.

Pour finir et selon nos récentes traditions, l’impétrant Charles-Henri Dubail et ses deux parrains le brillant avocat Loïc Dusseau et son comparse Frédéric Pinon firent leurs discours de présentation, dûment chahutés et profusément applaudis.

Nous nous quittâmes ravis après cette mémorable soirée en remerciant notre organisateur, le président Cointreau et le héros du jour Jacques Rouëssé.

Emmanuel de Cazotte

Le costume d’académicien du Pr Jacques Rouëssé
La bibliothèque de l’Académie de médecine
Le Dr Philippe Pinel, précurseur de la psychiatrie
Loic Dusseau au micro et Frederic Pinon, parrains de Charles-Henry Dubail