La Gazette N° 4
Décembre 2021 – Réunion #466
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COMPTE-RENDU du 466ième Diner du Vin d’Anjou – Dîner de passation
Cercle de l’Union Interalliée – Le 9 décembre 2021
Ce dîner réunissant les membres et épouses, fut l’occasion de célébrer d’abord la passation de présidence de François Chaillou, à son successeur André Cointreau.
Le dynamisme de François Chaillou au milieu de cette épidémide de la Covid m’a donné l’impression d’un mandat de trois ans au lieu de deux, tellement ils s’est passé d’événements: Le Dîner à Brissac, les soirées Zoom, les découvertes de Béhuart et des vins de Savennières resteront dans les mémoires.
Mme Elisabeth Verry, présidente de l’Académie d’Angers et M. Denis de Kergorlay, président du cercle de l’Union Interalliée, nous firent la grâce de leur présence et de nous agrémenter de leurs sympathique discours.
Ensuite, les convives ont bien ri lors du traditionnel discours de passation, écrit par notre compatriote Jacques Rouëssé et lu par Hugues de La Celle, en raison d’un empêchement passager de l’auteur (voir le texte).
André Cointreau prononça son discours d’intronisation avec la solennité qu’il convient pour une telle occasion, en remerciant notamment les contributeurs de la création de nos statuts et de la domiciliation du DVA à l’Hôtel de Livois à Angers.
Grâce au futur vice-président, Xavier de Richemont, ce dîner fut aussi l’occasion de décerner le « Prix du DVA – Gilles de Beauregard » consacré aux artistes plasticiens de notre région. Le prix est un trophée créé spécialement pour le DVA par Sylvie du Plessis, peintre officiel de la Marine et sculptrice, qui représente l’angevine sur son âne avec son panier d’osier. Pour cette première édition, un jury formé des membres du comité, a choisi l’artiste peintre décorateur Mme Delphine Nény.
Enfin, nous eûmes la remise de la médaille du DVA au président sortant ainsi que, à titre posthume pour Gilles de Beaurgard. C’est une belle et lourde pièce frappée par la Monnaie de Paris, à l’effigie de la même angevine sur son âne, que nous remettons traditionnellement aux anciens présidents du DVA.
Le Cercle de l’Union Interalliée est un parfait écrin pour ces effusions, agapes, célébrations, discours drôles ou sérieux ; et nous remercions notre hôte le président Kergorlay, son équipe de serveurs et de cuisiniers, de nous avoir si bien reçu.
Emmanuel de Cazotte
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DISCOURS DE PASSATION
Discours de Passation au DVA le 9 décembre 2021
Ecrit par le Pr Jacques Rouëssé, et prononcé par M. Hugues de La Celle.
Madame la Présidente, Monsieur le Président
Monsieur le Président, messieurs les présidents, messieurs les membres du Comité
Chers amis
Il y a deux ans, juste avant la cruelle épidémie qui a vu le triomphe des journalistes sur la Faculté, nous saluions l’avènement, à la charge suprême de notre DVA, de François Chailloux. Ce président sur le berceau duquel les bonnes fées s’étaient penchées, ne put donner toute la mesure de ses nombreux talents en initiant des évènements dont il aurait été l’inspirateur et l’organisateur. On aurait pu croire que la Covid 19 allait avoir raison de son énergie. Il n’en fut rien, François innova. On lui refuse le présentiel, il attaque le virtuel et finalise un site web qui par sa qualité et sa convivialité impressionne les habitués de la toile.
Sa présidence est marquée par l’arrivée de jeunes et talentueux membres de notre cercle, dispersés aux quatre coins de l’Anjou et dans les vingt arrondissements parisiens et la petite couronne. Ils nous apportent outre un sang nouveau et des compétences nouvelles. Ils viennent aussi succéder à nos irremplaçables amis hélas disparus Gilles de Beauregard, Régis de Belenet, Thibaud de Béru, auxquels vont toutes nos pensées ainsi qu’à celles de chères amies Chantal et Maryvone de Belenet, Ghislaine de La Mettrie, Elisabeth Du Réau,
Puis il se lance dans la création de « produits dérivés », cravates et des casquettes bleues qui nous distinguent ainsi des gilets jaunes sans pour autant mettre en péril nos finances.
Épris de culture, il place le premier déjeuner post-confinement sous l’égide de la musique. Il crée le prix du DVA récompensant la création artistique angevine dont vous parlera tout à l’heure Xavier de Richemont.
Manager hors pair, il crée une formation permanente espérant qu’elle sera financée par le fonds de formation continue des entreprises. Pour rassurer les autorités que le DVA n’est pas une assemblée de factieux, il suit scrupuleusement les directives de l’Education nationale et c’est pour cette raison que j’en utiliserai ici les éléments de langage tels qu’ils sont consignés dans les circulaires de la République. Ainsi, il nous a incités à « maîtriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres » et en août dernier il nous propose « un travail mémoriel validé en statuant sur les prérequis d’une production graphique en milieu formalisé » (noter le devoir sur table d’un élève)
Merci, François pour tout ce que tu as fait pour notre cher DVA. Etant données les circonstances exceptionnelles dans lesquelles tu as exercé ton mandat, beaucoup ont insisté que contrairement à l’usage tu puisses assumer ta lourde charge une troisième année. Dans ta grande sagesse tu as refusé sans doute pour épargner Véronique qui a rempli sa tâche de présidente avec autant de talent que d’abnégation, mais peut-être, en fait songes-tu à une autre présidence. Usque non ascendat ???
Pour les complotistes, les amateurs de fake-news, toutes ces louables activités n’auraient pour but que de cacher un nouveau 18 brumaire : transformer le DVA en Association loi 1901. Vous avez reçu la lettre l’annonçant ! Coup d’Etat inspiré de la pensée du marquis de Lampedussa « il faut tout changer pour que rien ne change ». Certes devenir une association 1901, ne nous le cachons pas, a un côté un peu vulgaire. Mais soyez tranquille les artisans de cette profonde transformation, Michel Lacorne, Jean-Louis Guillot et Rémi Thuau ont veillé à ce que l’esprit de notre cher DVA reste intact.
Le DVA restera avec le Sacré Collège une assemblée fortement genrée, modèle même de l’androcratie.
Est-ce pour cette raison que nous avons choisi comme nouveau président « André ». Le deuxième du nom, le premier étant un général, le général Rivain en 1934-1935. Interrogation psychanalytique qui questionne notre vécu, notre ça et notre surmoi, mais qui prouve que le DVA a un esprit, une âme.
Inutile de rappeler qu’on continuera, en dépit des nouveaux statuts à ne pas voter s’appuyant sur la seule la fama pour guider le choix du comité, cette réunion de sages où l’on retrouve les anciens présidents. C’est elle qui a porté à la charge suprême l’homme que j’ai l’honneur de vous présenter.
Notre nouveau président a toutes les qualités nécessaires à l’exercice d’une telle fonction et à en assumer ses lourdes charges.
Il n’est pas nécessaire d’expliquer à des Angevins ce qu’est Cointreau, mais il parait nécessaire de rappeler aux membres du DVA que Max Cointreau, le père d’André, offrait à chaque repas du DVA du Cointreau et du cognac. André dès la plus petite enfance a été, en effet, plongé dans une marmite remplie de Cointreau et de Rémy-Martin. Les dieux veillaient sur son destin.
Elève des Jésuites, son cursus universitaire est aussi brillant que classique HEC, Institut des Hautes études politiques, Master es Sciences Economiques et pour varier un peu une licence de lettres. Sa carrière professionnelle le prépare à la présidence suprême. Après un petit tour chez Unilever, il devienne directeur commercial chez Cointreau. Lorsque Cointreau rachète le « Cordon Bleu » on lui en confie la direction. Le Cordon Bleu c’est l’Institut de Cuisine et de Pâtisserie le plus grand du monde implanté dans 20 pays, c’est l’excellence dans l’enseignement des arts culinaires et du management hôtelier. C’est un réseau d’écoles agréés, le plus souvent par les Ministères regroupant chaque année près de 30 000 étudiants de plus de 100 nationalités différentes. Plus jeune que le DVA il fut fondé en 1895, avec Marthe Distel, par l’auteur d’un dictionnaire qui doit orner la bibliothèque de toute bonne maison Henri-Paul Pellaprat (1869-1949) dont l’élève sans doute le plus prestigieux fut président du DVA, j’ai nommé Curnonsky.
Si chaque école est aussi belle que le sont les terrasses où nous avons été reçus par André, on va lui demander d’organiser des expéditions du DVA dans de tels endroits de rêves.
J’informe les amateurs que le Cordon Bleu comporte un programme de 3 semaines, soit 83 heures, pour s’initier à la dégustation aux vins et spiritueux français et européens.
André est né en quelque sorte pour en assumer le destin. Dès l’enfance il a développé l’Aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs = apprendre une langue étrangère. D’autre part, pour reprendre les termes du journaliste Hadrien Gonzalès connu pour sa série de vidéos “Food Checking”, il a un appétit planétaire forgé par son éducation chez les jésuites. La planète n’a pas pratiquement plus de secrets pour lui. A partir de sa base londonienne, il l’a parcourue du Nord au Sud et d’Est en Ouest, Malheureusement pour lui, voyageant 11 mois par an notre futur président fut plus souvent amené à goûter les repas des compagnies aériennes que le fruit de ses élèves.
Inspiré par Gasteréa 10ème muse, il a fait sienne ces réflexions de Brillat Savarin : « la destinée des nations dépend dont elles se nourrissent », « dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es » et « la découverte d’un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d’une étoile. »
A Bangkok et à Tokyo les gouvernements labellisent sa cuisine. On raconte que dans les régions les plus reculées il a proposé une excellente recette pour faire cuire la soutane du missionnaire. On dit même qu’il est allé jusqu’aux iles Kerguelen pour savoir comment se nourrissaient les pingouins et leur donner quelques conseils. Enfin plusieurs études statistiques très sérieuses ont montré que grâce à lui, dans les îles britanniques, les choses se sont améliorées, même la panse de brebis farcie y est devenue digérable, pourvu que le Brexit ne vienne pas saboter cet extraordinaire résultat.
C’est bien évidemment une chance d’avoir un tel président mais nous devons rester réaliste que devons-nous craindre ou espérer car selon le journaliste que je viens de citer André est affable mais têtu.
A craindre : désirant participer au « One health » c’est-à-dire au concept de Santé Globale inspiré par une certaine tyrannie sanitaire, désireux de faire preuve d’un humanisme évolutif et holistique il ne nous entraîne sur des sentiers périlleux tel par exemple une participation au mois sans alcool.
Dans cet esprit il ne faudrait pas que prenant l’exemple de Yotam Ottolengi ancien élève du cordon bleu et pape du végétarien il ne nous serve exclusivement que du macaroni au labné ou du topinambour à l’algue nori et qu’un jour il ne nous impose un régime végane.
Raisonnablement on peut penser que, victime d’une interprétation trop austère de son éducation religieuse, il ne nous imposera cependant pas le régime ascétique dit « le Saint Jean Baptiste » avec sauterelles grillées, cloportes (excellents pour la santé) et racines de pissenlits.
Le risque plus réel, mais finalement bien sympathique ; est qu’il tombe dans l’excès inverse marqué par un retour aux menus d’antan avec leur trentaine de plats et potages, avec dindonneau gras aux concombres, lapereaux aux fines herbes, pigeons en ortolans. ris de veau à la Dauphine et un ragoût de tortue etc.
Comme vous le constatez je n’ai pas parlé des vins « cœur de notre métier » si j’ose dire, c’est parce qu’il encadré de deux conseillers de grande valeur Gaëtan Werhy et Amaury de Condé.
Mais faisons une totale confiance à André, car la first lady veille sur lui et sur nous. Comme toutes les femmes de président agricultrice et antiquaire de talent, Hedwige a déjà fait preuve de courage et d’abnégation en élevant ses quatre enfants qui suivent tous les traces glorieuses de leur glorieux père et cinq petits-enfants. Nous espérons qu’elle ne nous vouera pas aux gémonies en réalisant l’ampleur de la tâche qui l’attend, mais qu’elle se rassure, comme je ne manque pas de le dire à chaque nouvelle présidente elle fera un travail de sainte et devrait être canonisée de son vivant.
Et pour conclure soyons sûr qu’il saura faire sien cet aphorisme de son maître Brillat Savarin, « Convier quelqu’un au DVA, c’est se charger de son bonheur pendant le temps qu’il y est.»

